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Olymel au Japon : 9 questions au géant de la viande du Québec
Francois Guité, Vice Président Vente, viandes fraiches, chez Olymel
Olymel au Japon : 9 questions au géant de la viande du Québec
L’entreprise née d’une fusion entre la Coop fédérée et le groupe Olympia en 1991 n’en finit pas de grandir et de faire connaître le porc du Québec. Multipliant les acquisitions, ce poids lourd de l’alimentation a su tisser depuis longtemps un lien privilégié avec l’archipel japonais. Entretien avec François Guité, Vice Président Ventes en viandes fraîches chez Olymel, qui nous raconte l’implantation du fleuron du cochon québécois en pays nippon.
Pourquoi avez-vous décidé de vous implanter dans ce pays en particulier ?
Le Japon est un marché sur lequel on était présent depuis plusieurs années. Mais il y avait un besoin de se rapprocher de la clientèle. Nous travaillions avec un courtier depuis le début mais à la retraite de ce dernier, on s’est dit qu’il était nécessaire d’avoir nos propres entrées au pays.
Qu’est ce qui vous a fait franchir le pas de l’implantation ?
C’était une décision risquée de s’implanter si nos volumes de commandes baissaient. Mais nous avions la certitude que nos volumes se maintiendraient, donc l’implantation était pour nous une possibilité de faire des économies. La région d’Osaka et de Tokyo était pour nous la plus intéressante, car c’est ici que se concentrent les clients. Nous n’aurions donc pas pu alléger les charges en s’éloignant de la mégalopole, car nous serions toujours dans les transports pour rencontrer notre clientèle.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez du faire face au cours de l’implantation ?
Les transactions sont moins directes qu’en Amérique du Nord. Il y a beaucoup d’intermédiaires, comme par exemple les maisons de commerce. Les maisons de commerce sont nées du fait que le Japon importe énormément, étant donné qu’il s’agit d’une île. Le canal d’importation passait donc historiquement par celles-ci. Elles faisaient les démarches auprès de fournisseurs étrangers et importaient le produit. Désormais, depuis deux ans environ, on voit que les fabricants tendent à éviter celles-ci pour contrôler leurs achats de manière directe. On voit même d’ailleurs des producteurs japonais ouvrir des bureaux en Amérique du Nord.
Avez-vous eu des surprises durant le processus d’implantation ?
Nous n’avons pas eu de surprise, grâce à notre partenaire local sur place, notre courtier avec lequel on travaillait depuis 25 ans. Il a identifié une relève qui a pu piloter tout le dossier depuis le Japon. Cela fait une réelle différence pour gérer la complexité du dossier concernant le démarchage, la sélection des locaux etc…C’était une personne qui travaillait dans une « maison de commerce » depuis longtemps, et qui a manifesté un intérêt à venir travailler avec nous et de relever le défi de démarrer Olymel Japon.
Sous quelle forme avez-vous décidé de vous y implanter ? Pour quelles raisons ?
On a choisi la structure d’un bureau de vente, de par la nature de nos activités. Pour le choix de la structure, nous avons fait affaire avec KPMG Montréal, qui nous a introduit à la branche japonaise de la firme. Celle-ci nous a conseillé sur l’impact fiscal de chaque forme juridique, et nous avons décidé en fonction des recommandations.
Comment sont les relations d’affaires au Japon par rapport au Québec ?
Rien ne choque en arrivant. Les intervenants sont très courtois. Mais deux choses sont à souligner : d’une part le protocole est assez lourd, d’autre part, le « non » n’est pas accepté au Japon. Il n’est pas bien vu de rejeter une proposition, on se doit de l’analyser, de l’évaluer et de revenir avec une contre-offre.
Comment sont perçues les entreprises québécoises au Japon ?
Quelques entreprises québécoises exportent dans le domaine du porc au Japon et nous sommes reconnus. Le Canada est vu ici comme un partenaire fiable et stable. En 1991-92, le Japon a cessé son approvisionnement en porc de Taïwan, à cause d’un épisode de fièvre aphteuse dans la région. Ils ont dû changer leur source d’approvisionnement, nous en avons profité et cela s’est développé sur une base continue dès lors.
Quel conseil donneriez-vous à une entreprise québécoise qui souhaite s’y implanter ?
Il ne faut pas essayer de s’implanter sans partenaire local ou en ne connaissant pas les meurs d’un pays donné.
Comptez-vous accroître votre présence en Asie et en Australie ?
Olymel dispose déjà de bureaux en Corée, en Australie et au Japon. La Chine est incontournable mais nous n’avons pas encore de plan arrêté concernant ce pays. Nous devons définir dans un avenir prochain quel sera la meilleure façon de desservir ce marché incontournable. Nous vendons 35000 tonnes de produits par année en Chine, mais il nous faut réfléchir à un véhicule d’affaire adéquat avant de s’implanter.
Lors de la visite récente du premier ministre du Québec en Chine, la réponse chinoise à l’offre de porc québécois a été assez négative, mais cette réponse est peut-être politique. En effet, on nous a dit que la Chine aspirait à être auto-suffisante en matière de porc. Il faut comprendre que 2 % de la consommation chinoise représente approximativement l’équivalent des exportations la production totale canadienne, donc on ne peut ignorer ce marché, même s’il frôle l’autosuffisance. D’autant plus que ce qui rend la Chine attirante pour les producteurs canadiens, c’est que les produits consommés en Chine sont des produits complémentaires à ce que l’on vend ici au Québec. Ici, on valorise les fesses de porc, les longes, les épaules, alors que les consommateurs chinois aiment les têtes, les pieds, les abats, produits délaissés chez nous.